Les préceptes du culte des Fortunes tiennent la mort comme la pire des impuretés spirituelles, car elle s’accroche à tout ce qu’elle touche. Par conséquent, le corps du défunt est impur. L’âme du défunt, à contrario, est l’élément important, et lui offrir un voyage vers l’au-delà décent est primordial.

Les funérailles se déroulent toujours dans les temples et non dans des sanctuaires. Même s’il y a des fortunes liées à la mort et aux âmes, Il n’existe stricto-sensu aucune tradition funéraire fixe dans le culte des Fortunes.

Les ultimes rites sont donc pratiqués en suivant des traditions basées sur les discours autour de l’âme dans le Tao de Shinsei, de la culture de chaque clan et de la loi impériale.

Car chaque clan a des traditions propres qui sont généralement supervisées par les shugenja. Les samouraï du clan du Faucon s’attachent par exemple à ce que la cérémonie se déroule pour le mieux afin que l’âme du défunt puisse quitter le monde des Hommes sereinement.

Il existe également des « prêtres » de Emma-O, Fortune protégeant les Royaumes des Morts, qui sont des moines spécifiques qui sont organisés en secte. Il y en a forcément au moins une par clan, même parmi certains clans mineurs comme le Renard et la Mante. Ces moines arpentent généralement les campagnes afin de servir les funérailles dans les endroits les plus reculés.

Le déroulé de tout ce qui va suivre correspond à la tradition au sens stricte du terme, sans particularités claniques. De facto, elle est la tradition prônée par le Clan du Phénix, garant du respect des traditions spirituelles à Rokugan.

La crémation est obligatoire dans tout l’Empire depuis les guerres contre les armées des morts de Iuchiban, célèbre maotsukaï qui avait levé par deux fois une armée des morts pour combattre l’Empire (Dernière guerre en l’An 750). C’est une loi impériale. Autrefois peu suivie, la seconde guerre a scellé l’application de cette loi dans tout l’Empire.

L’ensemble des préparatifs doivent être supervisés par le fils ainé ou la fille ainée si pas de fils. Il peut être aidé sans problème du moment qu’il s’implique dans le processus.

La cérémonie se déroule selon la tradition 4 jours après la mort.

Un éta s’occupe de donner le matsugo no mizu, ou Eau du dernier moment. Cela consiste à porter à la bouche du défunt de l’eau et un peu de sel. Cela est censé être le dernier repas de l’âme afin qu’elle ait la force de partir au Meido, le Royaume de l’Attente, pour être jugé par la Fortune Emma-O. Ensuite, le corps est lavé soigneusement et habillé avec des habits mortuaires.

Le corps est déposé dans la chambre à coucher le temps d’être emporté pour la cérémonie. Une garde d’honneur protège la chambre, la porte recouverte de papier blanc pour signaler qu’il ne faut pas rentrer. Seul les membres de la famille doivent rentrer, afin que l’âme du mort ne s’imagine pas qu’on l’a déjà oublié et qu’il s’énerve pour venir hanter la maison en tant que yokai malveillant.

Lorsque la personne défunte est un notable important, il est usuel que le corps soit déplacé dans un palanquin sobre et peint en blanc. Les passants peuvent adresser des prières à son encontre et même suivre le cortège à l’arrière. Les heimins souhaitant rendre hommage au défunt resteront à l’extérieur du temple pour prier pour le salut de son âme.

Le corps est généralement pudiquement recouvert d’un linge ornementé en lin ou en soie, transporté par des serviteurs du défunt, généralement ses bushis s’il en possède.

Le cortège est dirigé par un shugenja, ou un moine pour les provinces reculées : l’un ou l’autre est alors appelé le Kannushi. Il prie tout le long du trajet. Généralement, il y a un Kannushi par grand temple en ville, généralement la personne en charge de sa gestion ou un proche collaborateur. Il existe également des Kannushi itinérants, parcourant les provinces et se déplaçant pour assister les endroits reculés ayant besoin de ses services. Les Kannushi sont en général discrets sur leur rôle dans la société, par pudeur envers la discipline et la mort. Ils affichent généralement neutralité dans leurs opinions et émotions dans ces moments tragiques. Ils se remarquent en cérémonie par leur habit traditionnel et en particulier leur chapeau (eboshi).

Le kannushi bénit la route que suivra la parade en amont après s’être assuré que la famille et les personnes importantes pour le défunt sont présents, implorant aux kamis de garder le trajet libre de toute souillure pour l’âme du défunt.

Arrivé au temple, la cérémonie est orchestrée par le kannushi.

Il dépose sur une table proche du défunt, dans cet ordre et de gauche à droite :

• Des fleurs,
• De l’encens,
• Une bougie.

La bougie allumée sert à maintenir la brulure des encens. Le Katana familial est déposé sur un râtelier prévu à cet effet, de l’autre côté du corps.

Le O-Tsuya « la veillée funéraire » Toute personne souhaitant se présenter à la veillée funéraire doit être habillée d’un blanc immaculé. Personne n’est armé dans l’enceinte du temple, seuls des bushis sont postés proches de l’entrée pour protéger la cérémonie.

Les proches du défunt et ceux qui souhaitent lui rendre hommage doivent se présenter un à un, afin de dire leurs derniers mots. Pour les personnes qui ne sont pas de la famille du défunt, il est important qu’ils estiment qu’ils ont quelque chose d’important à dire, ou qui intéressera le défunt. Il est hors de question de faire perdre son temps à l’âme cherchant son repos. Le shugenja en charge de la cérémonie peut contrôler qui souhaite se présenter s’il a un doute sur le sujet, ou laisser libre.

Dans la culture Rokuganienne, le défunt ne souhaite pas partir du Ningen-do, le Royaume des Mortels. Les personnes intervenant vont donc tour à tour exprimer leurs volontés et « réconforter » l’âme du mort, par exemple :

• en mettant en avant les actions qu’il a fait de son vivant,
• en lui parlant du sentiment et de l’émotion que l’on ressent pour elle et sa mort,
• en l’assurant que son jugement sera juste et bon et qu’il a sa place au Yomi, le Royaume des Mortels Bénis, là où vont ceux dont le Kharma est bon…
• en lui disant que son domaine a été bien géré et qu’il est entre de bonnes mains, que ses élèves perpétueront ses enseignements par delà sa mort, etc…

Les personnes souhaitant simplement être présents peuvent assister en silence à la cérémonie sous l’autorisation de l’héritier responsable de la cérémonie, debouts sur les côtés, laissant le couloir libre pour les personnes souhaitant lui rendre hommage. Généralement les personnes au service d’un seigneur mort (karo, officiers…) sont toujours les premiers des deux lignes, au plus près du corps.

Le Kannushi est sensé superviser seul de la cérémonie. Si une personne est là pour rendre hommage au défunt, elle est sensée le rallumer elle-même à l’aide de la bougie à son arrivée si elle s’est éteinte, sinon cela n’attirera pas son âme à l’écouter et sera considéré comme étant irrespectueux.

La crémation des samouraï peut se dérouler de façon relativement anonyme dans le quartier Eta, ou dans un bucher en plein air sur place publique pour une personne importante. Le corps est placé de façon précise pour que les cendres des pieds tombent avant le reste du corps, car la croyance populaire veut que l’âme se dresse debout pour quitter le Ningen-do, et non écrasée la tête en bas son propre poids.

L’urne est confiée à la famille par le Kannushi pour qu’elle reste à l’autel familial pour 49 jours. La mission du kannushi est terminée. Le katana familial est déposé sur un ratier qui accompagne l’autel. A l’issue des 49 jours, les cendres sont ensuite déposées dans le tombeau familial.

Une estampe ou un portrait du défunt est généralement étendu pendant cette période sur ou au-dessus de l’autel.

Un magistrat de clan, représentant du Daimyo viendra se présenter au plus vite pour deux raisons :

• Enregistrer la mort du défunt
• Valider la transmission des terres s’il y en a et les officialiser par décret

L’ensemble sera également transféré à Otosan Ushi afin que cette déclaration de décès et ce décret soient validés et archivés au niveau Impérial (géré par des conseillers Otomo et les Ikoma)

L’héritier peut utiliser le katana familial à son compte ou le laisser soigneusement sur l’autel dans la maison.